L’ombre de Marco Materazzi planera forcément un peu sur le Stade de France à 21h00 précise quand l'arbitre allemand Herbert Fandel sifflera le coup d'envoi de France-Italie. Et pour cause, après avoir copieusement alimenté le feuilleton de l’après-finale de Coupe du Monde, l'homme qui cristallise à lui seul la désillusion de la finale de Berlin, a pris un malin plaisir à relancer la polémique, 24 heures seulement avant la rencontre, en se confiant dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport.
Materazzi en remet une couche
Alors que la quasi-intégralité des joueurs, les sélectionneurs et leur staff ont tout fait ces derniers jours pour dédramatiser l'affiche, l’Interiste en a remis une louche sur son altercation avec Zinédine Zidane à Berlin. En guise d’épilogue à cette affaire surmédiatisée, le champion du monde a enfin révélé le nœud de l’affaire : «Je lui ai tiré le maillot lorsqu’il m’a dit : «Si tu le veux tant, je te le donnerai à la fin de la rencontre». «Je lui ai alors répondu que j’aurais préféré avoir sa sœur.» Se justifiant dans la foulée, Materazzi a même avoué encore attendre les excuses de Zizou : «Ce n’est pas particulièrement beau à dire, je le reconnais, mais des tas de joueurs disent ce genre de choses. (...) Pour l'instant, il ne m'a toujours pas demandé pardon, ce n'est surtout pas à moi de lui demander. Au plus, c'est à sa sœur que je dois des excuses.»
Domenech appel au calme
Ce n’est sans doute pas un hasard si ces confessions interviennent la veille d’une rencontre déjà très importante pour les deux équipes. Et finalement peut-être encore plus pour l’Italie, tenue en échec face à la Lituanie (1-1) samedi dernier, que pour les Bleus, victorieux 3-0 en Géorgie. A contre-courant de la tendance à l’apaisement instaurée depuis plusieurs jours, ces déclarations n'ont pourtant pas fait sourciller Raymond Domenech. Pour le sélectionneur, seuls les trois points importent, même si la finale du Mondial reste encore au travers de la gorge. «On l’aura en mémoire cette finale, soyons clairs ! Personne ne pourra oublier qu’il y a eu une finale de Coupe du Monde le 9 juillet et que les champions du monde sont Italiens. Je les félicite encore une fois car en sport, les meilleurs sont toujours ceux qui gagnent. Mais maintenant, on joue un Championnat d’Europe», expliquait le technicien à Clairefontaine mardi après-midi. Forcément présent, l'esprit de revanche ne devra en aucun cas prendre le pas sur l’enjeu qui reste la qualification pour l'Euro mais qui consiste aussi à repousser un simple adversaire direct à cinq longeurs. «On a une occasion unique de montrer contre le champion du monde qu’on a le niveau qu’on avait en Allemagne. La seule équipe qui est au-dessus de nous à l’heure actuelle, c’est l’Italie. Et on a envie de prouver qu’on peut rivaliser avec le champion du monde», poursuit le sélectionneur qui a profité de sa tribune pour lancer un appel au public du Stade de France : «J’aimerais bien que le public français reconnaisse la valeur des Italiens, que l’hymne italien ne soit pas sifflé mais qu’il soit applaudi. Ils sont champions du monde, ils n’ont pas volé leur titre. Ils l’ont gagné sur le terrain.»
Un 4-4-1-1 prudent pour l’Italie
L'Italie de ce début de saison, battue avec une équipe bis face à la Croatie (0-2), puis qui a concédé le partage des points face à la Lituanie (1-1), n’a pourtant plus grand-chose à voir avec ces Azzurri érigés en murailles durant un mois en Allemagne. Et même si Raymond Domenech, qui devrait aligner un onze de départ identique à celui qui a affronté la Géorgie, avance à juste titre que «leur état d’esprit, leur organisation, leur envie, leurs qualités, sont toujours là», l’absence de six titulaires de la finale devrait peser forcément lourd dans la balance. D’autant plus que physiquement, les Italiens, qui n'ont toujours pas repris leur championnat, partiront avec un retard certain. «Physiquement la France est dans de meilleures conditions que nous, mais je reste optimiste parce que notre condition à nous ne peut que s'améliorer d'ici mercredi», avoue Roberto Donadoni. Le nouveau sélectionneur, déjà pris pour cible par les médias locaux, s'apprête à troquer son dispositif à trois attaquants pour une formation plus défensive en 4-4-1-1 avec Inzaghi ou Cassano en pointe.
L’ancien Rossoneri, qui se contenterait volontiers d’un match nul, répète à qui veut l'entendre que la page du Mondial est tournée. Surtout pour lui qui n'était pas de la fête outre-Rhin et qui souhaite s'émanciper le plus rapidement possible de l'héritage de son illustre prédécesseur. Finalement, il n'y a guère que l'aboyeur de service, Gattuso, qui détone vraiment dans ce paysage. Fidèle à l’image qu’il véhicule, le milieu de terrain s’est chargé à lui seul, de remettre un peu de piment avant la rencontre dans les colonnes de la Repubblica en titillant Vieira et consorts : «Quand on a perdu l'Euro 2000 à dix minutes de son terme nous n'avons pas fait naître ce genre de controverses. Je sais qu'on a l'habitude de se plaindre après les défaites mais ils (les Bleus) le font beaucoup plus que nous. L'Italie est derrière la France à ce petit jeu là.»